Qu'est devenu Fabrice Burgaud ? L'ancien juge d'instruction, désigné comme le principal responsable du fiasco judiciaire d'Outreau, est toujours dans la magistrature. Il travaille aujourd'hui à la Cour de cassation, plus haute juridiction en France. Le Point.fr a rencontré le magistrat à plusieurs reprises, mais c'est par écrit qu'il a accepté de répondre à nos questions.
Le Point : Le documentaire Outreau, l'autre vérité pose un regard inédit sur cette affaire. Qu'en pensez-vous ?
Fabrice Burgaud : Je pense tout simplement que cela était indispensable, car, dans cette affaire, la parole avait été confisquée par quelques-uns. Je crois qu'il faut rendre hommage à Serge Garde, le réalisateur, qui a une connaissance approfondie du dossier, ce qui est peu fréquent. Et puis, il y a quelques moments surprenants : quand j'entends un ancien ministre de la Justice dans le documentaire expliquer avec un grand aplomb ce que j'ai fait et pas fait, alors qu'il concède dans le même temps ne pas avoir ouvert le dossier ni lu une ligne de procédure, je pense être en droit de m'interroger sur le sens des décisions qu'il a été amené à prendre dans cette affaire.
Ce film apporte-t-il des éléments nouveaux dont vous ne disposiez pas à l'époque de l'instruction ?
Il est particulièrement bien documenté. À ma connaissance, Serge Garde a frappé à beaucoup de portes et a réuni de très nombreux documents. Beaucoup sont inédits et certains même pour moi, comme les sommes allouées aux personnes acquittées.
Avez-vous le sentiment que ce film peut contribuer à la réhabilitation de votre image ?
Ce n'est pas le sujet. Ce que montre le film, c'est ce qui s'est vraiment passé dans cette affaire, comment les choses ont évolué et quel a été le rôle des juges, des avocats, des hommes politiques et des journalistes. Résultat : on est bien loin de la "version officielle" de cette affaire.
Source : http://www.lepoint.fr/societe/exclusif-outreau-les-confessions-du-juge-burgaud-27-02-2013-1633501_23.php
Outreau : le juge Burgaud sort du silence, 12 ans après
Le juge Fabrice Burgaud, considéré comme un symbole du fiasco judiciaire d'Outreau, n'avait jamais parlé aux médias. A l'occasion de la sortie du documentaire "Outreau, l'autre vérité", il a donné une interview au Point. Il n'y fait pas de révélation fracassante...
Par Emmanuel Magdelaine
Publié le 28/02/2013 | 10:41, mis à jour le 05/03/2013 | 14:24
© Zelig films distribution Le juge Burgaud travaille aujourd'hui à la Cour de cassation.
Fabrice Burgaud, 41 ans, travaille désormais à la Cour de Cassation. Il y effectue des recherches documentaires et des études. Il a accepté de répondre à certainesquestions du journal Le Point. Certains mais pas toutes, l'hebdomadaire précise qu'il a esquivé des questions telles que : "Pensez-vous avoir commis des erreurs lors de l'instruction de cette affaire d'Outreau ?", "Avez-vous le sentiment d'avoir été lâché par vos pairs ?". En somme, les questions les plus délicates, les plus gênantes ne trouvent pas de réponses dans cet interview réalisée par écrit et validée par la hiérarchie du juge.
Fabrice Burgaud, 41 ans, travaille désormais à la Cour de Cassation. Il y effectue des recherches documentaires et des études. Il a accepté de répondre à certainesquestions du journal Le Point. Certains mais pas toutes, l'hebdomadaire précise qu'il a esquivé des questions telles que : "Pensez-vous avoir commis des erreurs lors de l'instruction de cette affaire d'Outreau ?", "Avez-vous le sentiment d'avoir été lâché par vos pairs ?". En somme, les questions les plus délicates, les plus gênantes ne trouvent pas de réponses dans cet interview réalisée par écrit et validée par la hiérarchie du juge.
Il estime d'abord que le documentaire "Outreau, l'autre vérité", auquel il a participé, est un film très bien documenté et qu'il "montre ce qui s'est vraiment passé" : "Je pense tout simplement que ce regard neuf était indispensable, car, dans cette affaire, la parole avait été confisquée par quelques-uns. Je crois qu'il faut rendre hommage à Serge Garde, le réalisateur, qui a une connaissance approfondie du dossier, ce qui est peu fréquent. Et puis, il y a quelques moments surprenants : quand j'entends un ancien ministre de la Justice dans le documentaire expliquer avec un grand aplomb ce que j'ai fait et pas fait, alors qu'il concède dans le même temps ne pas avoir ouvert le dossier ni lu une ligne de procédure, je pense être en droit de m'interroger sur le sens des décisions qu'il a été amené à prendre dans cette affaire." Il se réjouit de constater que le film est loin de "la version officielle" de l'affaire d'Outreau.
"Je crois encore à la justice"
Il estime également également ne pas être le juge psychorigide, glacial qu'on a parfois décrit : "Rappelez vous ce justiciable qui avait dit que le juge d'instruction en charge de son dossier "suait la haine". C'est d'ailleurs une critique facile et habituelle de la défense quand un dossier est solide."
Enfin à la question : Croyez-vous aujourd'hui en la justice ? Il répond : "Oui, j'y crois, sinon je ne serais plus juge, mais je sais aussi que la justice est humaine. Comme l'a dit le président de la République très récemment, pour qu'elle puisse remplir correctement la mission qui est la sienne, son autorité doit être affirmée et elle ne doit pas être prise à partie à chaque fait divers. Cela impliquerait aussi d'éviter toute pression des médias sur les affaires en cours. "
Fabrice Burgaud est nommé le 1er septembre 2000, juge d'instruction au tribunal de grande instance de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais). C'est son premier poste. Il hérite de l'enquête sur l'affaire de pédophilie d'Outreau quelques mois après son arrivée. Un an et demi plus tard, il est nommé au parquet de Paris. Avant que son instruction ne soit contesté de toutes parts. 17 personnes ont été mises en examen dans cette affaire. Elles comparaissent en mai 2004, devant la cour d'assises du Pas-de-Calais. À l'audience, Myriam Badaoui avoue le viol de ses enfants, mais disculpe la plupart des accusés. Treize sur dix-sept accusés ont été acquittés.
À la suite de l'acquittement général au procès en appel à Paris, l'Assemblée nationale décide fin 2005 de créer une commission d'enquête parlementaire.
Le 8 février 2006, Fabrice Burgaud est auditionné par cette commission. Il estime, « avoir effectué honnêtement son travail sans aucun parti pris d'aucune sorte ». Les acquittés regrettent alors que le juge Burgaud n'ait jamais présenté ni excuses, ni regrets.
Le vendredi 24 avril 2009, le Conseil supérieur de la magistrature inflige à Fabrice Burgaud une « réprimande avec inscription au dossier ».
Source : http://france3-regions.francetvinfo.fr/nord-pas-de-calais/2013/02/28/outreau-le-juge-burgaud-sort-du-silence-12-ans-apres-207951.html
"Je crois encore à la justice"
Il estime également également ne pas être le juge psychorigide, glacial qu'on a parfois décrit : "Rappelez vous ce justiciable qui avait dit que le juge d'instruction en charge de son dossier "suait la haine". C'est d'ailleurs une critique facile et habituelle de la défense quand un dossier est solide."
Enfin à la question : Croyez-vous aujourd'hui en la justice ? Il répond : "Oui, j'y crois, sinon je ne serais plus juge, mais je sais aussi que la justice est humaine. Comme l'a dit le président de la République très récemment, pour qu'elle puisse remplir correctement la mission qui est la sienne, son autorité doit être affirmée et elle ne doit pas être prise à partie à chaque fait divers. Cela impliquerait aussi d'éviter toute pression des médias sur les affaires en cours. "
Le juge Burgaud et l'affaire d'Outreau
Fabrice Burgaud est nommé le 1er septembre 2000, juge d'instruction au tribunal de grande instance de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais). C'est son premier poste. Il hérite de l'enquête sur l'affaire de pédophilie d'Outreau quelques mois après son arrivée. Un an et demi plus tard, il est nommé au parquet de Paris. Avant que son instruction ne soit contesté de toutes parts. 17 personnes ont été mises en examen dans cette affaire. Elles comparaissent en mai 2004, devant la cour d'assises du Pas-de-Calais. À l'audience, Myriam Badaoui avoue le viol de ses enfants, mais disculpe la plupart des accusés. Treize sur dix-sept accusés ont été acquittés.
À la suite de l'acquittement général au procès en appel à Paris, l'Assemblée nationale décide fin 2005 de créer une commission d'enquête parlementaire.
Le 8 février 2006, Fabrice Burgaud est auditionné par cette commission. Il estime, « avoir effectué honnêtement son travail sans aucun parti pris d'aucune sorte ». Les acquittés regrettent alors que le juge Burgaud n'ait jamais présenté ni excuses, ni regrets.
Le vendredi 24 avril 2009, le Conseil supérieur de la magistrature inflige à Fabrice Burgaud une « réprimande avec inscription au dossier ».
Source : http://france3-regions.francetvinfo.fr/nord-pas-de-calais/2013/02/28/outreau-le-juge-burgaud-sort-du-silence-12-ans-apres-207951.html
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