mardi 2 octobre 2012

L'"omerta" sur le fléau du tourisme sexuel commence à s'effriter.


Quartier français de Gueliz, à côté du très branché Café de la Poste. Il suffit de s'y promener pour voir que le racolage, dans ce quartier européen où le McDo attire la jeunesse, est plus visible encore que sur la célèbre place Djemaa El-Fna, dans la vieille ville. Ici, les gamins proposent eux-mêmes de "faire le sexe ", en français. Un 4 × 4 s'arrête et propose à l'un d'eux d'aller "déjeuner " ou "dîner". C'est oui, tout de suite, sans questions ni illusions, pour quelques centaines ou dizaines de dirhams à la clé - moins de 100 euros en tout cas.
Marrakech est depuis longtemps un repaire d'amateurs de jeunes garçons. La ville ocre a toujours toléré ces Occidentaux qui savaient cultiver l'image mythique de mécènes cultivés ou encore de bienfaiteurs. Mais depuis le tsunami, en 2004, les aficionados du tourisme sexuel, chassés de Thaïlande, ont fait de Marrakech une destination de choix. Ce n'est pas un hasard si l'association Touche pas à mon enfant, qui vient de se constituer partie civile dans l'affaire du Mandarin Oriental et sera présente le 28 septembre à l'audience, s'est créée cette année-là. "Marrakech n'a pas envie de devenir le Bangkok bis, et les autorités sont en train de prendre conscience qu'on ne peut plus protéger indéfiniment ces Européens qui abusent les enfants", note aussi un observateur.

Le Monde.fr a le plaisir de vous offrir la lecture de cet article habituellement réservé aux abonnés du Monde.fr. Profitez de tous les articles réservés du Monde.fr en vous abonnant à partir de 1€ / mois | Découvrez l'édition abonnés

"Je crois que les choses sont en train de bouger", confirme Najat Anwar, présidente de l'association. Pour preuve, elle cite plusieurs exemples. En 2004, lorsque l'association est portée sur les fonts baptismaux, "un touriste pris en flagrant délit de pédophilie sortait libre, avec une simple amende", rappelle Mme Anwar. Six ans plus tard, dans une station balnéaire proche de Rabat, "un Espagnol retraité au Maroc avait été arrêté après avoir abusé de très jeunes filles et garçons, et les avoir filmés. La cour de justice de Kenitra l'a condamné à trente ans de réclusion..."

"PRISE DE CONSCIENCE"

Les écueils restent néanmoins nombreux, rappelle, nettement moins optimiste, le conseiller juridique de l'association, Me Mohamed Errachdi. "Nous n'avons pas de logistique. Dans un pays dont l'économie est contrôlée à 60 % par des entreprises françaises, nous ne pouvons que crier et hurler !", peste l'avocat qui, après les accusations de pédophilie lancées par Luc Ferry, en mai 2011, contre un "ancien ministre", avait déposé une plainte à Marrakech et une autre à Paris au nom d'une association en guerre contre "l'omerta des politiques".

Difficile, aussi, de faire entendre les victimes. Leurs familles se taisent, de peur que leurs fils ne deviennent des parias. Au Maroc, l'homosexualité est pénalement réprimée. Un épisode a marqué les esprits. Il y a sept ans, un agent immobilier français installé à Marrakech, Hervé L. G., est arrêté en flagrant délit alors qu'il tourne chez lui des vidéos avec des mineurs. Un jeune homme, Imad, avait mis la police marocaine en même temps que Le Monde sur les traces de l'agent immobilier français. Quelques semaines plus tard, à l'issue d'une course-poursuite dans la Medina, Imad avait été retrouvé pendu - ou étranglé (Le Monde du 22 juin 2005). "En appel, les quatre ans de prison de l'agent immobilier ont été ramenés à deux, puis il a été gracié", s'indigne Me Errachdi.

"Il y a une prise de conscience de la société civile qui ne baisse pas les bras, soutenue par la presse internationale et nationale. Les autorités marocaines commencent à déployer des efforts", veut croire Najat Anwar. Autre pression, moins souvent évoquée : celle des islamistes, en guerre contre un "mal importé" par l'Occident. Le 14 septembre, en pleine affaire du film anti-islam, le quotidien Nouvelles du jour titrait sur les manifestations organisées autour des ambassades américaines. Et juste sous les photos, la nouvelle affaire de pédophilie impliquant un "Français". Le message subliminal était clair, soupire un observateur. Ils - les Occidentaux - salissent notre prophète, et souillent nos enfants..."
Source : http://www.lemonde.fr/societe/article/2012/09/26/l-omerta-sur-le-fleau-du-tourisme-sexuel-commence-a-s-effriter_1765922_3224.html

AVoir :
http://pedocriminel.blogspot.fr/2012/02/jacques-henri-soumere-pedophile.html
http://pedocriminel.blogspot.fr/2011/12/jack-lang-pedophile.html
http://pedocriminel.blogspot.fr/2012/01/quelques-noms-francais.html

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire