vendredi 16 décembre 2011

SPARTAKUS/SPARTACUS Réseau

Jean-Claude Poulet-Dachary «sera celui par qui le scandale arrivera», avaient prévenu des râleurs du FN. Il y a plus de neuf ans, le 29 août 1995, on retrouvait l'adjoint au maire FN de Toulon mort dans ses escaliers. (...) Dans son appartement, les policiers trouvent des photos de Pétain, voisinant avec la revue gay Spartacus. (Michel Henry, Il aimait les hommes, le FN, les curés et l'armée, Libération, 8/12/2004)
Nul ne peut suivre l'évolution de la pédocriminalité sans avoir rencontré Spartakus ou Spartacus à de multiples reprises. Tel qui croyait le réseau disparu avec son fondateur s'étonne de voir renaître une organisation bien ressemblante. A moins que, tout simplement, ce ne soit pas la réalité qui ait disparue mais seulement les recherches et les poursuites.
Il nous paraît nécessaire de faire aujourd'hui le point sur cette question un peu trop répétitive.
Le réseau Spartakus (1970 - 1995)
Nous faisons appel à trois sources différentes aussi différentes que possible pour décrire la nature et l'évolution du premier réseau Spartakus.
Dans les "Archives Gay" du site homosexuel http://www.rgl-maginfo.org/gay-14.html le guide Spartakus est présenté ainsi, sous la signature de F.X. de Guibert :
«Le Britannique John Stamford, décède en décembre 1995. Ancien pasteur anglican, éditeur et rédacteur du guide homosexuel Spartacus, il publiait depuis 25 ans un "guide de voyage" pour homosexuels couvrant 150 pays, notamment ceux d'Asie du Sud-Est. Cet ouvrage édité en cinq langues et vendu à 60 000 exemplaires cachait un "véritable réseau de pédophilie".»

Le Conseil économique et social des Nations Unies donne d'autres informations plus précises et plus graves dans le "Rapport du Rapporteur spécial chargé d'étudier la question de la vente d'enfants, de la prostitution des enfants et de la pornographie impliquant des enfants, Mme Ofelia Calcetas-Santos" (Commission des Droits de l'Homme, Cinquante-troisième session, 7 février 1997) :
«En Grèce, plus de 700 arrestations ont été opérées à Athènes, en août 1996, suite à des allégations formulées par le journal grec Eleftheros Typos indiquant qu'en plus des enfants des pays d'Europe de l'Est, des mineures grecques avaient aussi été livrées à la prostitution. De plus, des voyages à caractère pédophile avaient été mis sur pied de Belgique en Grèce par l'organisation pédophile belge "Spartakus" qui aurait eu les coordonnées de 264 maisons de prostitution enfantine à Athènes et dans les îles grecques. Lors de perquisitions effectuées avec mandats délivrés dans le cadre de ces affaires, des enfants avaient été retrouvés enchaînés dans des maisons de prostitution afin de faciliter le viol. La question qui se pose est celle de savoir combien, parmi les 500 fillettes et 170 garçons grecs portés manquants ces cinq dernières années, pourraient être tombés entre les griffes de pourvoyeurs de la prostitution enfantine.»

Au moment où il dénonce "un répertoire photographique et un cédérom restés inexploités dans la lutte contre les réseaux transnationaux", le journaliste Serge Garde évoque également l'affaire Spartakus :
«En 1993, la justice anglaise avait déjà eu à traiter l'affaire Stamford. Ce multirécidiviste, pasteur défroqué, éditait un guide homosexuel, Spartakus, qui fournissaient aux amateurs tous les renseignements utiles pour faire du tourisme sexuel au meilleur prix. Le pasteur Stamford eut la délicatesse de mourir avant son procès, inculpé mais libre, après quatre mois de prison préventive. Crise cardiaque, selon la version officielle. Alors que l'affaire du guide Spartakus impliquait l'existence d'un réseau, les investigations furent stoppées à la mort de son présumé principal responsable. Comme dans l'affaire de Zandvoort, dénoncée par l'association Morkhoven, la chute du pasteur Stamford n'est pas le fruit d'investigations policières. La plainte avait été déposée par Terre des Hommes, qui dénonçait les activités de Stamford depuis... 1981 ! Soit douze ans de complète impunité.» (L'Humanité, 24/02/2000)

Ces trois points de vue différents donnent une image convergente de l'organisation Spartakus : un réseau pédocriminel puissant organisé autour d'un guide de voyage officiellement homosexuel. La seule évocation de la permanence et de l'internationalisation de cette activité impose l'idée de moyens humains et financiers importants. Et cette structure complexe serait soudainement disparue, avec les profits correspondants, par la seule cause d'une crise cardiaque ?
Le guide Spartacus
Pourtant il existe aujourd'hui un "guide de voyage" qui ressemble au précédent à une lettre près.
Le nouveau guide (au prix de 49,95 DM, 50 FS ou 190 FF, 28,97 EUR etc.) est édité par :
Bruno Gmünder Handels GmbH
z.H. Ronald Barthel
Zeughofstrasse 1
10997 Berlin (Deutschland)


Spartacus 2001/02 Der internationale Gay-Guide. 1440 Seiten voller Adressen und Tipps für den schwulen Reisenden. Jetzt voll in Farbe. 
Der neue SPARTACUS !!!  
SPARTACUS 2001: Die 30. Neuauflage des internationalen schwulen Reiseführers präsentiert sich zum erstenmal durchgehend vierfarbig! Mit seinen über 25.000 aktualisierten Adressen, Karten, und seinem überarbeiteten Layout sorgt er für ein völlig neues Reisegefühl. Wertvolle Hintergrundinformationen und wichtige Infos über Land und Leute sorgen darüber hinaus für ein problemloses Gay-Travelling around the world. SPARTACUS - das weltweite Synonym für den schwulen Reiseführer schlechthin.
Il est vendu "in unseren Shops" :
- Bruno's Berlin Nürnberger Strasse 54, 10789 Berlin, U-Bhf. Wittenbergplatz oder in
- Bruno's Köln Friesenwall 24, 50672 Köln, U-Bhf. Rudolfplatz
et sur Internet par l'éditeur sur son propre site :  the gay internet media store serving the gay community
qui propose également des livres, vidéos, accessoires, etc.

Il est également disponible sur de nombreux serveurs spécialisés ou non, y compris
Amazone, le géant de la vente sur Internet, et Alapage, filiale de France Telecom (avec une réduction : 187.65 FRF / 28.61 Euros, Livre allemand expédié habituellement sous 2 semaines)

Et le site suisse de la Librairie du Centaure précise (à la rubrique "Sciences humaines"...) la filiation avec le guide des années précédentes : "Spartacus 2000/2001 La 29e édition d'un guide gay qu'on ne présente plus.Editions Gmünder 1312 pages  Fr. 50.00"
S'agirait-il seulement d'un guide homosexuel à l'usage des adutes consentants ? Le serveur turc Le guide gay d'Istamboul, Le plus grand site gay de Turquie et de l'Europe orientale donne la clé :
Abréviations selon le guide “Spartacus” :
B = boissons
D = discotheque
F = repas
G = gay
GLM = gay, lesbienne, mélangé
R = prostitution
MA = tous les agesRT = type rustique
T = travestis
TR = transsexuels
! = tres a la mode
minuscle (g)= faiblement représenté
majuscule (G) = fortement représenté
S = prix moyens
SS = cher
SSS = tres cher

Il semble donc incontestable :
1 - que le guide Spartacus a survécu à son fondateur, puisqu'il s'affiche aujourd'hui comme la 29ième ou 30ième édition "qu'on ne présente plus".
2 - qu'il se définit en couverture comme un guide gay et en profondeur comme pédophile, dans les mêmes conditions que précédemment.
Du réseau à l'entreprise
Pourtant, il existe des différences entre les dernières éditions et la version initiale mais elles ne résident pas dans le contenu.
Dans l'article cité ci-dessus, Serge Garde posait déjà la vraie question :
«Existe-t-il des connections directes entre le réseau Spartakus et le scandale actuel au pays de Galles? Nous l'ignorons. Mais nous pouvons révéler qu'il en existe entre le réseau Zandvoort et l'affaire Stamford. Rien d'étonnant. Les pédophiles récidivistes forment un microcosme. Le non-démantèlement d'un réseau préfigure l'apparition d'une nouvelle filière. Ces structures sans cesse renaissantes ne visent-elles pas à satisfaire les mêmes clientèles huppées ? Les enfants, mais aussi les images de leurs viols et de leurs supplices, se vendent très cher. Selon l'expression d'un juge belge " la pédophilie, c'est d'abord le jouet des riches ". Un jouet devenu hyper sophistiqué. En deux décennies, on est passé de la photo à la vidéo puis aux flux d'images sans frontières sur Internet, avec une demande croissante d'images d'enfants de plus en plus jeunes (certains portent encore des couches) et de scènes de tortures. La pédophilie offre, par ailleurs, un excellent moyen de chantage sur des personnalités, piégées au cours de " parties fines ". Avec l'évolution des moeurs, c'est quasiment la seule pratique sexuelle qui permettent de " tenir " des hommes de pouvoir en Europe. Un aspect du problème qui n'est jamais abordé et qui pourrait cependant expliquer l'enlisement de certaines procédures.»

Le progrès technique, ainsi que l'impunité, ont permis à l'organisation artisanale mais ascendante mise en place par un ex-pasteur anglican de passer en division professionnelle, avec sa publicité, son affichage ostensible dans toute une série de lieux plus ou moins gays, ses vitrines dans au moins deux villes allemandes et de nombreux sites sur Internet.
Tout ceci est public et facile à vérifier : à la portée de quelques clics pour n'importe quel citoyen ou fonctionnaire de l'un quelconque des nombreux états concernés.

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